LE LABORATOIRE DE RECHERCHE EN SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION DU CELSA
UR 1498
Article

La mémoire de l’oubli : éloge de l’aliénation

Pour une poétique de "l’infra-ordinaire"
Communication & langages, n° 172, Necplus, 2012, p. 3-19

L’auteur interroge les pratiques de communication banales qui saturent nos échanges quotidiens sans même que nous nous en apercevions. Dans la perspective d’une poétique de « l’infraordinaire », pour reprendre l’expression de Georges Perec, il nous invite à prêter attention à ces pratiques de communication communes que l’on n’a guère pris l’habitude d’interroger. Or ces objets usuels et ces dispositifs ordinaires posent des questions essentielles d’ordre anthropologique. Pour ce faire, il se focalise sur un processus paradoxal constitutif de la communication en acte : la mémoire de l’oubli. Il montre qu’il est nécessaire d’oublier les savoirs appris afin que la communication soit opérante. Les processus d’apprentissage privilégient quant à eux l’ancrage des cadres instituants de la communication sur lesquels repose l’imaginaire, la doxa de la société. La communication infra-ordinaire se coule ainsi dans les cadres instituants qui disparaissent aux yeux des acteurs. Le phénomène d’impensé du texte, et plus généralement d’impensé des médiations qui caractérise les pratiques de communication ordinaires et repose sur la mémoire de l’oubli permet ainsi de formuler un paradoxal éloge de l’aliénation : constitutive de la communication, l’aliénation infra-ordinaire privilégie en effet les économies d’énergie psychique.

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