LE LABORATOIRE DE RECHERCHE EN SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION DU CELSA
UR 1498
Communication sans actes

De quoi "information" est-il le nom ?

La sémiotique face aux défis sociétaux du XXIè siècle, 26 novembre 2015, Limoges, Centre d'études et de recherches sémiotiques (CERES)

La communication (jointe) propose d'identifier certaines questions que pose à la pensée sémiotique, entendue comme un mode de problématisation de la genèse du social, l’incursion conjointe dans le social d’un complexe hétérogène d’objets, discours, pratiques donnant naissance à un être culturel nommé, figuré, acté comme « de l’information » avec ses déclinaisons rhétoriques (e-choses, cybermachins, trucs 2.0, 3.0, 4.0, etc.), entité qui entretient une relation à la fois avec u concepts mathématique, un héritage documentaire et médiatique, une discipline industrielle (l’informatique) sans jamais lever l’ambiguïté entre ces définitions incompatibles. Cet ensemble composite mais engagé dans une histoire commune porte explicitement la prétention de redéfinir ce qu’est le social, avec comme conséquence que la sémiotique devrait se transformer, se renier ou s’effacer devant un monde de donné(es). Or,  paradoxalement, l’accession de la vie des signes au sein de la vie sociale – ou sociable – au statut de ressource principale de l’économie, la puissance de l’ingénierie des transmutations sémiotiques et la mobilisation des formes au service d’une redéfinition du rapport entre usage et échange sont au cœur de ces évolutions. Dans ce contexte, les profondes ambiguïtés qui marquent la « société de l’information » et les « technologies de l’information » sont moins un accident que le travail définitionnel pourrait pallier qu’une condition de la réquisition des sujets de la communication dans une industrie désormais vouée à produire de la valeur par une industrialisation de la trivialité. Convoquant sans cesse la valeur et la puissance sous l’espèce de la circulation de l’information, cette industrie des passages qualifie paradoxalement les objets non comme des moyens de transmission mais comme des territoires, des mondes, des expériences, voire le mode d’existence possible du social. Dans ce contexte, la succession, à une vitesse inédite, de l’engouement et du discrédit pour des prédilections sémiotiques successives, dans une forme de vie privilégiant l’urgence (une aspectualité incohative du toujours déjà obsolète) exige une description et une interprétation prenant en compte plusieurs niveaux d’analyse et plusieurs espaces-temps. Pour prendre quelques exemples,  les caractéristiques matérielles des panoplies médiatiques et documentaires qui régissent les conditions pratiques de la communication ; la coïncidence de la reproduction et de de la décontextualisation et des formes ; les effets des transmutations sémiotiques sur l’interaction entre sujets via les textes ; la capacité de ces dispositifs, mixtes d’inscriptions et de pratiques, à réaliser une réquisition des sujets dans une forme de vie. La communication s’appuiera sur des études sémiotiques et sémio-sensibles menées en sciences de la communication, dans l’esprit d’un dialogue au sein du projet sémiotique qui, par définition, traverse les disciplines sans qu’aucune d’entre elles puisse le revendiquer. Elle posera aussi la question de la relation que le travail sémiotique peut entretenir avec les expression mal formées mais puissantes qui définissent la réalité de l’aura de ce monde technique qui se veut plus que de la technique, à partir de l’examen des tactiques de différents courants de recherche pour se valoriser en tant que pensée sur des dynamiques qui échappent à la pensée. 

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