Cet article étudie la manière dont la lutte contre les « discriminations ethno-raciales » se transforme en « promotion de la diversité » selon une approche sémio-politique. Nous envisageons « la diversité » comme une formule (Krieg-Planque, 2009) employée pour désigner tour à tour des politiques antidiscriminatoires, des mesures d’intégration des « minorités », l’« inclusion de l’altérité » ou encore la « gestion des différences [1] », en tant que leviers de performance. Nous observons que « la diversité » est prise dans une tension entre qualification valorisante des personnes racisées et disqualification de la notion de « race » en tant que support signifiant. Nous prenons pour exemple les discours institutionnels de l’organisation « Les Entreprises pour la Cité » – le réseau d’entreprises pionnier, porteur de la « Charte de la diversité [2] » – et nous montrons que l’instrumentalisation consensuelle dont « la diversité » fait l’objet rend la formule particulièrement dépolitisante.
Posté par Emmanuelle Bruneel, mis à jour le 20 mars 2023