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De plus en plus, l’intermédialité est mobilisée en Sciences de l’information et de la communication, souvent comme un concept pour décrire des phénomènes d’hybridations entre différents médias, moins fréquemment comme une approche ou une qualité du regard sur les objets de recherche. Telle qu’elle est internationalement déployée, la notion est pourtant porteuse de cette capacité opératoire comme pratique de recherche.
Pour la première fois en France, Communication & langages consacre un numéro double à cette approche pensée et mise en oeuvre depuis 20 ans au sein du Centre de Recherches Intermédiales sur les Arts, les Lettres et les Techniques (CRIalt) par les membres de l’« École de Montréal ». Moins connue en Europe que l’approche allemande, celle-ci est pourtant particulièrement intéressante pour les SIC, à la fois parce qu’elle mobilise et théorise des notions qui y sont centrales – les médias, les médiations – ainsi que des notions corollaires qui nous sont moins familières – la médialité, par exemple – et parce que les perspectives qui sont les siennes nous invitent parfois à nous décentrer pour questionner les nôtres.
Au coeur de cette démarche intermédiale réside la problématique de la relation, qui touche directement aux processus de communication que nous analysons. Elle invite en effet à revendiquer une pensée complexe, considérant sans schématisme la pluralité des plans qui sont constitutifs de tout type de phénomène social, et en examinant avec une attention particulière les liens, les noeuds, les tensions, les dynamiques en jeu et leurs rééquilibrages permanents.
Prenant pour sujet des objets, signes et pratiques très divers, qui illustrent la richesse et la créativité de ses mises en oeuvre au CRIalt, le présent dossier témoigne d’une interdisciplinarité active qui a tout le potentiel pour nourrir nos propres pratiques de recherches en Lettres et Sciences humaines et sociales.