Sommaire :
Le dossier s’interroge sur les vies du livre en régime numérique, sur les multiples circulations et processus par lesquels il est en même temps vénéré sur les réseaux sociaux, recyclé via des sites et entreprises aux appétits économiques et écologiques, imité au travers des pratiques d’auto-édition, déployé dans des genres multiples auprès d’un public de lecteurs qui sans doute lit moins de livres que les baby-boomers et sans doute encore lit d’autres genres littéraires. Du fétichisme au recyclage s’écrivent des vies multiples, entre sacré et consommation. Ce dossier analyse les représentations dont notre culture de l’écrit et de la littérature a hérité, aussi bien que les enjeux auxquels les professionnels ont à faire face. Car si le livre circule dans tous ses états sur les réseaux, de nouveaux acteurs prennent place dans une économie du livre et une économie de l’attention qui entrent souvent en concurrence. Les nouvelles formes de prescription, l’assomption d’une critique subjective, l’engouement pour des littératures sérielles incitent les éditeurs à revoir leur catalogue mais aussi – et ce n’est pas le moindre des paradoxes abordés ici – à revenir aux sources du geste éditorial pour la conception d’une maquette, d’une image du texte qui célèbre le volume alors même que les vignettes auxquelles il est réduit sur les sites marchands en écrasent la matérialité. Au coeur même d’un écosystème qui semble le fragiliser, qui recompose les équilibres et ménage des surprises, le livre n’a pas fini de nous raconter son histoire.
ce numéro est en accès conditionnel.