LE LABORATOIRE DE RECHERCHE EN SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION DU CELSA
UR 1498

Co-organisation de Section thématique au 55ème Congrès de l'AFSP, Aix en Provence, 22-24 juin 2015

La Communication des organisations intergouvernementales
23 juin 2015Rayonnement et attractivité académique (Organisation de colloques…)

L’objectif de cette section thématique visait à analyser les acteurs, les ressources et les fonctions de la communication mise en œuvre par les O.I. à caractère universel ou régional. Les transformations rapides qui affectent cette communication appellent en effet aujourd’hui une analyse concrète, que ce soit sous l’angle de la matérialité des dispositifs et outils mobilisés ou celui des modèles de la communication et des conceptions sémiotiques mobilisées La quête de légitimité des OIG auprès de leurs publics tend désormais souvent à se nourrir de la créativité des campagnes de communication et de marketing élaborées de longue date par les ONG, sur une scène politico-médiatique internationale où les deux types d’acteurs se côtoient. Objet frontière entre Science politique et les Sciences de l’Information et de la Communication, la question du sens prend appui sur des signes et dispositifs visuels, des rituels et des faits de langage dont les performances (et contre-performances) communicationnelles concrètes doivent être élucidées. Si le domaine mondial est par excellence devenu un espace d’énonciation et de dénonciation, une arène privilégiée pour l’usage tactique de locutions performatives et de stratégies de contrôle du débat public (Schemeil, Eberwein, 2009), alors la communication des organisations intergouvernementales s’impose désormais comme sujet de recherche.

Dans cette section thématique, les études de cas ont été privilégiées. Les partis pris méthodologiques et les approches ont été plurielles (monographies, approche sociohistorique, démarche comparative, analyse sémiologique…). Au terme de l’organisation de la section, il est possible de formuler deux séries de remarques :

La première consiste à constater le succès de la thématique européenne qu’a inspiré l’appel à communication il y a un an. Il faut sans doute y voir la marque du potentiel heuristique de « l’Europe » dans l’élucidation des mécanismes complexes du symbolique en politique. François Foret a consacré une partie de ses travaux de recherche à ce sujet précis et souligné qu’aucune organisation politique n’échappait finalement à l’impératif de la maîtrise du symbolique (Foret, 2008). Afin de ne pas déséquilibrer les débats et ne pas transformer la section en contribution exclusive aux études sur l’Union européenne, seules deux propositions de communication sur cet angle ont été retenues pour le Congrès. Cependant, plusieurs textes proposés mais non retenus ont inspiré aux organisateurs de cette Section le projet de poursuivre un échange dans le cadre de la sous-section « communication » du Groupe de recherche sur l’Action Multilatérale, dont l’existence sera pérennisée sous une autre forme à partir de l’automne 2015.

La seconde série de remarques consiste à distinguer quatre variables qui toutes travaillent les objets étudiés  à partir des résultats respectifs des recherches présentées par les participants retenus:

- la configuration « politique » dans laquelle s'enchâssent les stratégies de communication des OIG. La plupart des contributeurs ont souligné les logiques concurrentielles qui animent ces acteurs en quête de légitimité et leur inspirent des stratégies de différenciation dans leurs domaines de compétences. Cette dynamique revêt, dans le cas de l’UE, une puissante dimension interne puisque chacune des trois principales institutions de l’Union déploie de façon autonome ses propres stratégies et outils de communication (Parlement, Conseil, Commission).

- la matérialité privilégiée. Les messages, dispositifs et contenus mis en oeuvre par ces organisations sont tous plus ou moins travaillés par des effets de lissage discursifs et sémiotiques qui sont autant de marqueurs d’une volonté de signifier le consensus qui les anime et les indices d’une logique de dépolitisation plus ou moins convaincante pour le grand public.

- le degré de professionnalisation et d’objectivation de la fonction communication. Les campagnes et les outils diffusés par ces O.I. sont souvent le fruit d’une collaboration avec des agences conseil spécialisées en communication, marketing et relations publiques (cas « UE » et « UNESCO »). Toutefois, certaines privilégient toujours le « bricolage », notamment en misant sur les  ressources de l’informel et de l’interpersonnel en termes de construction de leur relation avec leurs parties prenantes. Tout plan de communication et toute définition d’objectifs stratégiques précis sont alors exclus (cas « OIM »).

- la dynamique d'institutionnalisation de l’OIG. La forme du ou des dispositif(s) médiatique(s) choisi(s), la performance sémiotique qui lui est associée et les représentations qui sont celles des acteurs concernant la communication elle-même déterminent pour une large part, mais pas seules, l'institutionnalisation tant matérielle que symbolique de l'organisation.

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