LE LABORATOIRE DE RECHERCHE EN SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION DU CELSA
UR 1498

Réseau Usages des Patrimoines Numérisées

Usages d’archives, pratiques d’archivage, et collectionnisme dans les pratiques intellectuelles professionnelles (culture et recherche)
Rayonnement et attractivité académique (Organisation de colloques…)

Les équipes de recherche, les institutions patrimoniales (musées, bibliothèques, centre d’archives, etc.) numérisent des fonds importants, et parfois donnent forme à des « collections » d’un nouveau type qui rendent compte de la transformation des objets culturels. En revanche, l’usage, qui a fait l’objet de conceptualisations multiples intensément discutées dans les années 90 au moment de la mise sur le marché de technologies de la communication informatisées, est paradoxalement un phénomène assez peu mobilisé dans le cas des corpus numérisés. Les travaux relatifs aux mutations des pratiques de lecture et d’écriture sont nombreux dans les domaines concernés par les métiers de l’information et de la documentation ou des médias, car il y a un recouvrement important entre enjeux de connaissances et développement de l’expertise professionnelle. Mais peu de recherches portent sur la manière dont des pratiques intellectuelles ordinaires sont affectées au quotidien par la mise à disposition de quantités considérables de matériaux, d’interfaces, de plates-formes d’exploitation.

C’est pourquoi nous souhaitons faire une proposition qui porte sur la manière dont des intellectuels et des acteurs culturels collectent et mobilisent des corpus et des collections numérisés au quotidien, sans que l’usage de ces corpus et collections soit nécessairement central dans l’activité.

On pense ici à des enseignants, des médiateurs culturels, des chercheurs, des acteurs associatifs développant des activités proches (publications, diffusion, etc.). Le réseau constitué par les membres du programme (enseignants-chercheurs, membres de structures culturelles et patrimoniales) est particulièrement riche et nous offre la possibilité de mener des enquêtes qui, même limitées peuvent être menées dans plusieurs secteurs d’activités, domaines de spécialités, milieux institutionnels et associatifs.

Ces pratiques seront abordées à partir d’une double perspective qui nous paraît particulièrement prometteuse pour éviter de présupposer ce qui est un « changement » dans le rapport à la technique :

[-]  une attention au phénomène du collectionnisme à partir d’une perspective historique et ses évolutions liées à la numérisation ;

[-]  un intérêt pour l’ordinaire des pratiques intellectuelles quotidiennes, à partir d’une perspective plus ethnographique, d’observation des environnements matériels, médiatiques, documentaires.

Une des principales difficultés de l’approche ethno-sémiotique exigée par une ambition de recherche fondamentale sur les pratiques ordinaires dans les métiers culturels et intellectuels réside dans la qualité des enquêtes réalisées. Celles-ci nécessitent une forte implication des enquêtés et des informateurs dans la problématisation, une réelle familiarité aux terrains explorés (partages des enjeux professionnels et institutionnels, attention aux implicites, aux valeurs, aux routines, etc.) et démarche résolument qualitative.

La collaboration entre chercheurs de deux laboratoires peut ainsi permettre de constituer un échantillon des personnes et des terrains que nous souhaitons solliciter. Le projet, piloté à deux, nous permet de développer un double rapport de familiarité et de distance, indispensable pour les questions que nous souhaitons traiter.

Ainsi les terrains seront choisis pour que ,dans chaque cas, l’un de nous soit plutôt dans un rapport de familiarité et l’autre dans un rapport de distance.

Nous souhaitons en outre impliquer des collègues dans un travail collectif qui présentera des recouvrements partiels avec les terrains et questions des recherches. Ce type d’approche peut être d’un intérêt fondamental dans l’élaboration à terme de réseaux intellectuels, culturels et académiques, dans la mesure où seule une recherche dans la durée, interdisciplinaire et intergénérationnelle, peut permettre de traiter des questions aussi complexes et mouvantes que les usages des patrimoines numérisés.

Nous pensons par exemple aux pratiques des passionnés de musique, à partir d’un terrain déjà bien construit par Judith Dehail dans le cadre de sa thèse sur les musées de la musique (CERILAC).

En écoute : Extrait, journée d’étude UDPN

25/06/2015 - Joëlle Le Marec et Nicolas Sauret : « Corpus, archives, collectes : quand la recherche expérimente sur ses propres cadres - le cas de Spectacle en ligne(s) »

Consulter le programme de la séance du séminaire doctoral UDPN 2015/16 : Musiques, transformations des rapports culturels à la musique, de l’évolution des patrimoines aux pratiques d’écoute

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