Vendredi 26 avril 2024 - 10:00
Troisième séance - 26 avril 2024 - S. 002
L’écriture et la mort
Avec
- Renée Koch Piettre
Directrice d'études émérite à l’École Pratique des Hautes Études
Le papyrus du livre IV du De morte de Philodème de Gadara.
Et
- Aurélie Névot
Directrice de recherche au CNRS
Mourir sa vie et vivre sa mort par les chemins d’écritures des Maîtres de la psalmodie.
Réservez dès à présent les 21 et 28 juin.
Argumentaire
L’écriture et la mort
L’image s’aventure là où la langue ne peut pas aller. L’image est la matière des morts. Imago, simulacre, double du Défunt, de l’Absent. L’écriture naît de l’image, elle emprunte à l’image sa capacité à figurer l’invisible, l’indicible, à réactiver la présence du disparu. L’écriture ouvre cette porte qui nous sépare des Morts. Le chamanisme scripturaire pratiqué dans le Sud-Ouest de la Chine en est un bel exemple. Dans la Grèce ancienne, les lamelles de plomb enfouies dans les sépultures ou près des sanctuaires chtoniens mettent en présence les vivants avec les puissances du monde souterrain.
L’écriture établit la possibilité d’un dialogue avec les morts, mais elle permet aussi de traverser la mort et d’en réchapper, d’en revenir vivant et de dresser une cartographie du pays des Morts. Ainsi l’écrit met aux mains du Défunt les clés du Royaume (Livres des Morts égyptien, tibétain, lamelles orphiques).
L’expérience de l’écriture elle-même pourrait être vue comme mime et métaphore d’une disparition, expérience d’une mort à soi, d’un démembrement porteur de renaissance. La confrontation de ces deux rituels d’écriture devrait nous aider à penser l’écriture dans son lien fertile à la mort.