LE LABORATOIRE DE RECHERCHE EN SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION DU CELSA
UR 1498
Posté par Pauline Escande-Gauquié, mis à jour le 14 avril 2014
Article

La crise, les mots pour la dire

Communication & Langages, n° 162, NecPlus, 2009, p. 67-74

La crise ne peut être dissociée de sa pratique langagière. La dire, l’énoncer, c’est la faire exister. Et cette force performative contribue à faire de la crise un savoir partagé de tous.

Un retour étymologique sur le mot « crise » permet de souligner son ancrage dans deux champs sémantiques complémentaires :

- le champ médical où germe l’idée d’une poussée ; la crise est alors considérée comme maladie, comme rupture. Dans la presse magazine, ce champ sémantique est associé au déséquilibre et à des termes recourant au préfixe « anti » ;

- le champ de l’examen critique et du jugement qui renvoie à une double perception de la crise comme dysfonctionnement cyclique ou comme changement profond et irréversible, tous deux susceptibles d’être suivis d’une rupture, d’un « décollement ».

Le corpus de la presse magazine renvoie essentiellement à l’idée d’une « crisette » qui correspondrait à une mise en cause passagère pour laquelle il faudrait chercher des solutions en dehors de l’économique et du politique. Ce qui est en jeu, c’est la mise en scène d’une mutation de l’hypermodernité adossée au mythe de la croissance en une alter-modernité fondée sur une morale.

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